9.1.06

Eloge de la paresse

Titre volontairement provocateur...

Il y a quelques jours, j'exprimai (plaintivement cela va de soi) auprès de l'homme de la famille, la fatigue accumulée au fil des nuits. Car souvent celles-ci se déclinent sur le modèle : coucher à minuit, lever à 1h pour Pitoue( tétée), 2h pour Piwouane (cauchemar), 4 h pour Pitoue (tétée), 5h30 pour Piwouane (soif), 7h30 pour Pitoue (tétée...), 8h pour Piwouane (Dora l'exploratrice!!!!!!!!). 8 mois de ce régime, et j'avouai donc à F. combien cela me pèse, et je suggérai que parfois certains papas dans certaines familles prennent aussi leur tour de garde et se levaient pour amener le bébé au sein, ou alors rassurer les effrayés... Une maman de ma connaissance m'a même dit que jamais la nuit elle ne se levait et que c'était toujours son mari qui allait chercher le bébé dans sa chambre. Que n'avais-je point cité comme exemple... Un peu piqué au vif, l'homme qui fait bouillir la marmite (au sens figuré...) me répliqua que sans doute ce papa-là ne se levait pas à 6 heures du mat et que peut-être il ne bossait pas autant que lui pour permettre à sa femme une "année sabbatique". Pour rétablir la vérité de cet échange qui aurait pu virer au houleux, je dois souligner qu'il a immédiatement saisi l'énormité de sa phrase, et bafouillé je ne sais quoi par la suite. Je ne sais quoi car j'étais alors en train de me concentrer pour dire les choses clairement mais calmement (Fée de la non-violence, volez à mon secours!!!) ce que je suis parvenue à faire au prix d'un certain effort : je ne voulais pas le faire culpabiliser, mais chercher ensemble une solution à ce problème des nuits hachées.

Mais tout de même... Passons sur la mauvaise foi relative de l'argument masculin et attachons-nous aux termes. "Anné sabbatique". Je suppose que c'est là l'idée qu'il se fait du "congé parental".
J'ai déjà dû plusieurs fois éclaircir cette notion de "congé parental"... A mon sens, ce n'est pas un "congé ménager". Je ne souhaite pas passer mes journées à astiquer ma maison, et si elle est en désordre, tant pis. Quand mes enfants sont levées, je passe un minimum vital de temps à faire la vaisselle, la lessive etc. J'assure l'intendance en général : courses, ménage en gros, cuisine... Mais j'essaie de le faire le plus rapidement possible car ce qui m'intéresse dans le congé parental, eh bien c'est l'adjectif "parental".
Et à mon sens la fonction parentale n'est pas essentiellement la fonction serpillère.
Alors avec mes filles, je prends le temps de jouer, beaucoup. De faire la cuisine et la pâtisserie avec Piwouane. De dessiner, de lire, de faire de la pâte à modeler, de la peinture. De faire du vélo, du toboggan. D'aller à un cours d'éveil musical, de faire de la gym bébé, d'aller à la ludothèque. De rencontrer d'autres mamans et d'autres enfants. De leur fabriquer des instruments de musique, de chanter, de danser.
Et je sais que c'est un réel bonheur pour moi, et un grand privilège, car j'ai travaillé jusqu'en février dernier... Piwouane a connu la crèche de 4 mois à 21 mois. Ce fut un réel déchirement de la confier à la crèche et de retourner travailler. Non pas que je n'aime pas mon métier...

Mais quelle douceur cette année, quelle joie de pouvoir vivre plus sereinement... Ne pas lever mon bébé à 7h du matin pour la transporter en voiture dans le froid, mais les laisser se réveiller à leur heure. Ne plus m'angoisser pour toutes les petites maladies, les jours de congé pour enfant malade. Allaiter Pitoue à ma guise, à la demande, pouvoir l'endormir au sein pour la sieste... Ne plus culpabiliser de faire un travail peu accompli à mon goût par manque de temps. Profiter des soirées et des week-end avec ma famille, sans songer à la préparation de mes cours.

Alors oui c'est un congé parental que je savoure... Mais pas une année sabbatique où le temps ne serait que pour moi... Du temps pour moi d 'ailleurs j'en ai peu. Ce temps de sieste (pas toujours quotidien) sur lequel je peux écrire, certes. Mais je suis agacée de devoir réclamer 10 minutes le soir lorsque mon mari rentre du travail, 10 minutes sans enfants, pendant lesquelles .... Eh bien pendant lesquelles je lance une lessive, prépare le diner... Mais ledit mari semble trouver cela étonnant, immérité presque, arguant que lui-même n'a pas de pause! (Hum et les 4 heures de sport soit deux soirées par semaine???). La pensée masculine machiste est difficile à réformer.

Un peu décousu, mon propos...

Je réfléchis donc beaucoup à la reprise ou non du travail en septembre 2006... Mon coeur a djà décidé que je continuerai à élever mes filles dans la joie et la sérénité! D'autant que Piwouane va rentrer à l'école et que je souhaite une adaptation tout en douceur. Mais il y a d'autres paramètres que je ne parviens pas à éclaircir suffisamment... L'argent, bien entendu. La retraite etc... Le prochain bébé? Et donc l'image que mon mari perçoit de moi, image que je ne souhaite pas négative, pour lui qui semble projeter sur moi un vieux fantôme de ménagère qui d'un côté récurerait l'évier avec une brosse à dents, et d'un autre côté materait des séries idiotes en se faisant les ongles allongée sur le canapé...
Bref, il y a du boulot, euh je veux dire des discussions en perspective, et pour cela, hein, faudrait d'abord éteindre la télé.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh! Mon Dieu! Tu racontes ma vie....
Allez, camarade! Soyons solidaire! Les hommes, un jour, comprendrons la portée de leurs (non)actes!

Neurone perdu a dit…

MDR Alex!!!

Alizarine a dit…

Tu as un de ces talents pour écrire, je suis impressionnée :clapclap:
Tout en finesse et en humour. Je me répète mais c'est que vraiment, j'aime beaucoup :)

En tout cas tu abordes là un thème très sensible.
Je n'ai pas l'impression que mon couple se résume à une épouse soumise et un mari macho, et cependant, concrètement ces facettes de nos caractères ressortent indéniablement.
Le poids de la culture, tout ça...
Se battre contre l'autre, et contre soi aussi.

Anonyme a dit…

Oh la la, la question du "congé" des mères qui ne "travaillent" pas...!
Une auteur argentine a dit que l'homme a différence de la femme une fois qu'elle a des enfants peut encore jouir du loisir

Neurone perdu a dit…

Ali, merci , je tiens ton jugement en estime et ça me fait très plaisir. Oui, la thématique est sensible, je suis un peu tiraillée entre ma culture féministe et mon désir de maternage, ce qui ouvre une brèche pour le machisme dans lequel il est facile de s'engouffrer. Je suis d'accord sur le fait que ce n'est pas dû à ma moitié uniquement, mais bien à un déséquilibre de nos convictions...
C'est un défi moderne?

Neurone perdu a dit…

Bonnie, oui c'est vrai... Personnellement je trouve encore du temps pour lire, pour surfer... Donc j'ai quand même du loisir, mais toujours empreint d'une certaine culpabilité : je lis alors que je pourrais faire briller mon évier???

tirui a dit…

c'est pas pour les défendre mais la position des hommes d'aujourd'hui est délicate : ils savent tous bien que les inégalités hommes-femmes étaient, sont injustes puisqu'il y a encore des progèrs à faire, mais égoïstement ils ne peuvent s'empêcher de penser que c'était quand même plus cool pour leur pères et grands-pères que pour eux, et que les progrès qui restent à faire peuvent bien attendre encore quelques années. (je me compte dedans évidemment)

Alizarine a dit…

Je voulais te souhaiter un bon premier moisniversaire sans nouvel article :p
J'espère que ça va pour toi et que c'est juste un trop plein d'occupations et/ou un manque d'inspiration ;)