table rase

Comme je ne peux décemment ni décidément faire table rase de tout ce que j'ai accompli ou vécu depuis trente ans et repartir à zéro nue comme un ver, je me contente d'y songer avec délectation.
Il me parait difficilement réalisable toutefois de tirer un trait radical, net et soigné sur les quelques bagages que je traîne derrière moi à savoir mes accessoires principaux : un mari, et trois petites. Quelques kilos de chair fraîche, de coeurs tendres, sans parler du volume imposant de toutes les peluches et playmos qu'il faut trimballer partout dans mon sac à main. Ces pensées sont un brin choquantes,je l'admets, alors...
Revenons donc à des considérations plus matérielles.
Ces derniers temps je fantasme complètement sur deux émissions télévisuelles, à savoir : Question maison sur France 5, et D and Co sur M6. Le point commun est facile à deviner...
Nous avons emménagé dans cette maison, j'étais enceinte de notre deuxième bébé jusqu'aux yeux , aux dents, au front, je ne sais plus, en tous les cas je n'avais pas la tête à ça. C'est donc mon mari qui a choisi la maison, moi j'ai vu des photos, c'était en face d'une école, pas loin du centre-ville, et puis à vrai dire je m'en fichais un peu. Il n'y avait rien à faire comme travaux, ce qui tombe bien vu que je n'ai (malheureusement?) pas épousé Bob le bricoleur, nous nous sommes bornés à poser une frise dans la chambre de Piwouane et basta. Cette maison est immense, sur quatre étages, avec un rez-de chaussée surélevé, ce qui fait que le salon, cuisine etc sont au 1er étage, les chambres au 2e, et un grenier aménagé au 3e. Deux grossesses et des bébés plein les bras m'ont vite fait maudire les escaliers en long, en large et en travers, même si c'est bien actuellement le seul sport que je m'octroie. Les filles profitent peu du petit jardin car c'est toute une expédition pour y accéder, et je ne peux les surveiller depuis le salon ou la cuisine.
Et puis nous avons accumulé tellement d'objets, de vêtements, que j'en suis écoeurée. J'essaie régulièrement de faire un tri, c'est comme pousser le rocher de Sisyphe.
Je rêve d'une immense benne rouge postée devant ma porte, dans laquelle nous déverserions tout ce qui ne nous sert pas, plus, peu.
Que ma maison ne soit plus un immense bric à broc ikéaisé.
Parfois je fais des rêves plus sauvages. Qu'est-ce que j'aimerais sauver s'il y avait un incendie???
Les albums et les CD de photos des enfants, leurs doudous, et puis rien d'autre je crois...