30.9.05

L'Agora des ptits nains

Ce soir j'ai lu le Pomme d'Api du mois d'octobre à ma fille de 2 ans et 5 mois. Il parlait de feuilles d'automne, de hérissons, de caca dans la couche du petit frère et aussi de philosophie.

En effet, nouveauté dans Pomme d'Api : "Le coin des Petits philosophes" en compagnie de la larve (le ver à soies???) Emile, du loup Ulysse, de la grenouille Sophie, et du poussin Candide (la distribution des prénoms aux animaux me fait beaucoup rire. Pas très sympa quand même le coup de la larve pour Emile). Donc dans ce numéro, la question débattue en images était "Comment apprendre quand on est encore petit?". (enfin il me semble?). Pour écouter ce que la rédaction Bayard a à nous dire au sujet de cete rubrique : http://www.pommedapi.com/illustrations/Multimedia/Titres/pommedapi/PDFparents/parents1.pdf

Du coup, je me suis souvenue du temps où je m'intéressais à la philosophie... Puis du temps moins lointain où je côtoyais quotidiennement des enfants de maternelle...
Et des expériences intéresantes menées notamment au Québec sur la philosophie pour enfants.

La collection Les goûters Philos , qui s'adresse aux 8-13 ans m'avait déjà bien branchée. (D'ailleurs j'ai suivi quelques cours de Michel Puech, un des auteurs, à la Sorbonne, et j'avais apprécié la limpidité de sa pensée. )

Mais la philosophie pour des enfants de maternelle, qui appréhendent pour certains à peine le langage... Philosopher pour apprendre à parler, penser pour développer son maniement de la langue orale, et dans le même élan grâce à la langue penser plus loin, voilà qui pourrait pimenter un peu les traditionnelles séances dites de langage en maternelle...

Avant d'aller plus loin, une séance donc de langage en grande section peut prendre appui sur ce l'on va faire dans le cadre d'un projet, sur un livre qu'on a lu, sur ce que l'on a fait (compte-rendu) , sur les petits soucis dans la cour de récré, sur un escargot qu'un enfant a apporté dans sa poche, sur les prochaines vacances, et mille autres sujets. Mais il semble assez incongru (quoique fascinant et enthousiasmant!) de débattre sur un thème abstrait.

Donc, des expériences ont été menées et on peut trouver plein de liens très intéressants sur cette page , dont un exposé très clair par Oscar Brénifier : http://www.crdp-montpellier.fr/ressources/agora/ag07_004.htm et http://www.crdp-montpellier.fr/ressources/agora/ag08_011.htm.
La méthode Lipman, développée par un philosophe américain contemporain est résumée ici, elle a pour support des romans adaptés à chaque niveau scolaire, présentant des enfants eux aussi en train de chercher, de se poser des problèmes. Il n'y a pas de références explicites à des philosophes nommés.

Des petits exemples cités par O. Brénifier d'ateliers menés en maternelle :

Exemple de travail avec un enfant de moyenne section qui a du mal avec le “
pourquoi ? ”, lors d’une discussion à propos d’un dessert. Il a du mal car il
doit imaginer et théoriser une situation dans laquelle il ne se trouve pas dans
l’immédiat. Il s’agit donc de l’amener par des questions à effectuer cette
démarche. (Notons au passage que le questionnement doit habituer l’élève au mode
hypothétique, utilisé ici, ou à la forme négative, éléments cruciaux de la
construction et de la flexibilité intellectuelles.)
- Pourquoi tu veux un dessert ? Je ne sais pas.
- Est-ce que c’est pour jouer ? Oui.
- Est-ce que tu joues avec un dessert ? Non.
- Alors, est-ce que tu veux un dessert parce que tu veux jouer ? Non.
- Pourquoi veux-tu un dessert ? Je ne sais pas.
- Est-ce parce que tu as soif ? Oui.
- Si je te donne de l’eau, est-ce que ça te donne un dessert ? Non.
- Est-ce que tu veux un dessert parce que tu as soif ? Non.
- Pourquoi veux-tu un dessert ? Parce que j’ai faim.

4 commentaires:

Alizarine a dit…

Je trouve ça marrant, j'aimerais bien voir ce que donne une séance avec des petits.
J'ai dans l'idée que ça sort énormément des sentiers battus de l'école cette histoire; écouter les petits, les inviter à élaborer leur pensée plutôt que de remplir leur tête de "savoir".

Je ne suis pas d'accord avec toi, je trouve que le neurone de la jeune maman fonctionne à plein, moi j'ai jamais autant réfléchi sur tout que depuis que je suis maman ;)
My neurone and me ^__^

Neurone perdu a dit…

Oui moi aussi j'aimerais bien assister à une séance... Enfin je pense creuser la question et peut-être me lancer dans un projet de ce genre le jour où je ferai à nouveau classe... En revanche je ne suis pas tellement d'accord non plus avec toi ;) : pour moi c'est ça l'école, apprendre à élaborer sa pensée...

Alizarine a dit…

En fait je n'avais pas eu l'occasion de te le dire sur tiboo mais, pour ce que je te connais, je trouve que tu tranches énormément par rapport à tes collègues de l'éducation nationale, si mon fiston va à l'école un jour j'aimerais vraiment qu'il tombe sur quelqun comme toi ;)

Neurone perdu a dit…

Ouh c'est très gentil de me dire ça Ali!