Ce soir, blotties sous la couette, les fillettes et moi-même, nous avons lu "Noire comme le café, blanc comme la lune" de Pili Mandelbaum. C'est l'histoire d'une petite fille métisse, dont le papa est blanc comme la lune, et la maman noire comme le café... Une petite fille qui ne veut plus qu'on la regarde car elle n'aime pas la couleur de sa peau, ni la texture de ses cheveux. J'ai trouvé le texte très simple et délicat, empreint d'humour. Accessible et lumineux pour des jeunes enfants.
J'ai acheté ce livre un peu au hasard il y a quinze jours, et je suis heureuse de la trouvaille. Piwouane connait déjà le bouquin de Catherine Dolto-Tolitch," Des amis de toutes les couleurs", mais elle accroche moins au côté didactique...
La semaine dernière, la maîtresse de Piwouane était absente. Lorsque j'ai passé ma tête dans l'entrebaillement de la porte de la classe à 11h30, la maîtresse remplaçante ( déjà vêtue de son manteau, le sac en bandoulière et les clés de voiture dans la main, mais passons) s'est immédiatement exclamée : "Oh! Berthe! Ta maman! " Sauf que ma fille à moi, ce n'est pas Berthe (qui d'ailleurs ne s'appelle pas Berthe non plus, loin de moi l'idée de vous embrouiller, mais j'ai changé pour l'histoire) mais Piwouane. Piwouane qui m'a sauté dans les bras en trois bonds, ravie et affamée.
La maitresse remplaçante, elle a eu du pot de n'être là que pour une journée sinon je lui en aurais gardé rancoeur, voire même touché un mot. C'est vrai que Berthe, comme Piwouane, a une maman asiatique et un papa européen. Mais elles ne se ressemblent pas du tout. Et dans le cas de la petite Nana du livre "Noire comme le café..." , qu'aurait dit cette maîtresse au papa blanc comme la lune? "Ah non Monsieur, ce n'est pas votre fille, ce n'est pas possible! "
Je m'emporte un peu, c'est que ça me touche cette anecdote... Dans mon enfance, j'en ai entendu des tonnes de réflexions lourdingues, de moqueries idiotes sur ma couleur de peau, mes origines, et les soit-disant traits de caractères censés y être adjoints!... Il n'y a pas si longtemps encore un gros porc me disait de rentrer dans mon pays, sans savoir sans doute que je parle mille fois mieux français et que j'en sais mille fois plus sur la culture française que lui. (Descartes contre la Star Ac).
Donc cela me touche car mes poils se hérissent (et Dieu sait que les Asiatiques n'ont pas beaucoup de poils!!!) à l'idée que ma fille, mes filles, mes enfants , puissent avoir à affronter ce genre de réflexions stupides. Je me sens démunie.
Alors que cette pauvre maitresse, elle avait sûrement cru bien faire (et surtout elle devait avoir vachement faim pour être dans les starting-blocks de façon si ostensible).
Ben elle l'a quand même payé, parce qu'une fois au bout du couloir, Piwouane s'est mise à pleurer toutes les larmes de son corps qu'elle avait oublié son dessin en classe. D'ordinaire, nous serions rentrées tout de même, mais là, je me suis fait un petit plaisir narquois de revenir sur mes pas et de demander à la maitresse qui partait, le dessin de Piwouane. Niark niark, c'est bien connu que les Asiatiques sont retors et qu' "on ne sait pas ce qu'ils pensent derrière leur sourire" (dixit mon ATSEM d'il y a deux ans... argh!!!).
13.9.06
Café au lait
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11 commentaires:
te laisse pas faire, Amandine, mords- leur l'oeil à tous ces c***.
Heu, ça me fait froid dans le dos tout ce que tu racontes...
J'espère juste que la remplaçante était dans un état d'hypoglycémie avancé et n'avait pas eu le temps d'imprimer les prénoms de vos fillettes. Mais pour le reste, ptain, chuis écoeurée de voir qu'il y a toujours des cons partout.
Il a l'air chouette ton bouquin !
il y à des jours ou il faudrrait implanter des cerveaux a profusion de par tout dans le monde.
chez moi ont dit:
a palabras necias oidos sordos
à parole conne,oreille sourde!
bisous avec l'accent! qui derange quelques nonimplantés aussi!
tu vois c'est un des aspects que j'aime dans le pays ou je vis pour le moment
il y a tant de melange de cultures, de races , de langues que tout le monde est pareil, et tout le monde accepte l'autre ( ou je suis naive alors)
cahuette made in us
Au risque de paraître très conne, j'avoue que j'aurais pu faire la boulette de cette enseignante.
J'imagine que ce n'est pas tant cette indélicatesse qui choque, mais bien l'accumulation.
Et quand des cons vont jusqu'à déverser des insultes, et bien on devient hyper-sensible sur le sujet. C'est évidemment totalement compréhensible.
Ceci dit, la remarque de l'ATSEM est inacceptable.
Ca me choque énormément que des personnes adultes et éduquées puissent sortir des trucs pareils.
Ca me laisse sans voix...
"la bave du crapaud n'atteind pas la blanche colombe en plein vol". La culture, les études, tout ça ne rend pas forcément plus ouvert d'esprit, ça permet juste à certains de savoir mieux dissimuler. Mais il y a toujours un moment où ça suinte, à l'insu de l'auteur de la remarque-qui-tue. Berk. Je suis métisse, mes enfants sont "quarterons", un peu plus mats que la moyenne, sans voir le mal partout, il y a toujours des dérapages. Il faut juste essayer de les rendre imperméables à la connerie, et là c'est pas facile.
Bah vous en faites pas, je crois que MadameNi a bien analysé la situation, c'est plutôt l'accumulation qui m'agace et qui a développé chez moi une susceptibilité certaine à ce genre de remarques... De la même façon j'ai horreur que l'on me demande de quelle origine je suis... Je trouve cela hyper déplacé (personnellement je n'irai jamais le demander à quelqu'un!!!) mais en fait ce n'est souvent que de la curiosité gentille.
T'as qu'à leur répondre, quand la question de ton origine te gonfle, que ta mère est norvégienne et ton père islandais (ou suédois, au choix) Et amuse-toi de la tête de ton interlocuteur. Ensuite, à toi de lui démentir... ou pas, selon. Je t'assure, c'est souvent un grand moment d'auto-satisfaction !!
Le pire, c'est que le côté "Les asiatiques sont retors", elle a dû le penser !!
A l'entrée de l'école, il y a 2 personnes qui ne me disent pas bonjour, parce que j'ai le malheur de parler à une dame qu'est pas aryenne et son mari encore moins ...(Mais eux, au moins, ils ne sont pas c..s) !!
C'est un sujet pas simple.
On est souvent tenté de se montrer "plus intelligent" en affichant une sérénité ou une indifférence de façade; parfois on laisse aller sa colère en invectivant à mort le coupable.
Clémence, dédain, répondant, ça dépend de l'humeur...
Cette nuit j'ai découvert votre blog avec surprise et plaisir. ça me fait toujours quelque chose d'imaginer que des fillettes et leur maman lisent mes histoires, le soir, blotties sous la couette.
Je vous fais des bisous à toutes les trois
Pili
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