2.7.08

Le prix de la sagesse

Il ya dix jours que je ne peux ouvrir grand la bouche. Manger un sandwich, croquer dans une pomme, pousser la chansonnette façon tyrolienne : missions impossibles.
En effet, des mois durant j'en ai repoussé l'échéance, me voilant l'esprit et les douleurs à grandes gorgées d'efferalgan... De longues nuits à somnoler de façon intermittente assise dans le canapé, les mâchoires prises dans des tenailles, m'ont enfin décidée à me délester de quelques grammes préhistoriques, j'ai nommé mes chères dents de sagesse. Pas si sages donc puisqu'en traces inutiles mais encombrantes du temps où les maxillaires étaient plus larges, elles avaient décidé, les abruties, de pousser de travers, et de se faire une place en poussant leurs copines les molaires qui n'étaient pas trop d'accord et d'ailleurs moi non plus.

Bref, mon dentiste, après trois semaines d'antibiotiques, m'avait bien dit que les dents de sagesse, très peu pour lui, il préférait laisser ça aux gens dont c'était la spécialité, qui, hop, vous coinçaient la tête sous le coude et vous les ôtaient en deux temps trois mouvements.
J'ai donc pris rendez-vous chez une chirurgienne buccale, jolie profession, dont la tâche principale lors de notre première rencontre fut de me convaincre que oui, c'était possible en anesthésie locale, et oui, les quatre dents de sagesse à la fois.
J'ai regretté de ne pas avoir emmené Piwouane avec moi pour qu'elle admire le magnifique appareil pour faire des radios panoramiques dentaires, je suis certaine que cela lui aurait extrêmement plu.

Le jour où il me fallut dire adieu aux 4 fantastiques, j'étais dans mes petits souliers. Mais l'intervention fut d'une rapidité époustouflante. Le dentiste étant enceinte, je tâchai de me concentrer éperdument sur le moelleux de son ventre, me demandant si pour endormir son enfant il faudrait plus tard lui faire écouter le doux bruit de l'os fraisé ou celui d'un patient s'étouffant avec son propre sang?
Une heure plus tard, j'étais à la maison, et déjà j'entamai ma sensationnelle mutation en pastèque violacée.

Pendant deux jours, je n'ai cessé d'enfler, enfler, enfler des joues, pouvant à peine articuler. J'ai tenté le suicide au gaspacho et à la mousse au chocolat avec l'aide d'une cuillère à moka.
Mes enfants n'étaient pas effrayées, et riaient beaucoup à m'imiter en gonflant leurs joues. D'autant que je ne pouvais pas crier, ce qui rendait le tout beaucoup plus comique. Pas traumatisées par ma transformation en Professeur Sherman Klump ( Voyez ma culture cinématographique! Comment, vous ne connaissez pas le Professeur Foldingue avec Eddy Murphy??? ), mais pas compatissantes non plus.
Seule la petite dernière qui tétait comme une damnée et me donnait des coups de poing dans les joues meurtries a bien voulu être malade à cause des antalgiques via l'allaitement. J'ai donc cessé les antalgiques, youpi.

Mon mari était totalement horrifié d'avoir épousé un hamster géant, et évitait à tout prix de me regarder.
J'ai fait une apparition rapide mais très remarquée à la kermesse de l'école des enfants. Attraction gratuite.

L'oedème s'est ensuite estompé au profit de magnifiques hématomes très esthétiques aux couleurs de l'arc-en-ciel. J'ai dû éclaircir la situation avec la maîtresse de Piwouane qui se demandait si il fallait me filer un numéro spécial violences conjuguales.

Et puis je n'y croyais plus, mais ça y est, j'ai retrouvé figure humaine et je n'ai plus mal! Hormis quelques fils dans les joues qui me font encore songer à la femme de Frankenstein, je me ressemble à nouveau. Plus sage, moins sage, qui sait? Mais en tous les cas, je comprends les douleurs des poussées dentaires des tout-petits! Et là, suivez mon regard vers Pitoue, qui sort 3 molaires; et Pitère, trois prémolaires et deux canines en même temps...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ma pauvre, mais quel calvaire ! Je ne me souviens pas avoir souffert aussi longtemps quand je m'en suis fait retirer 3 d'un coup (sous anesthésie locale)...
mais j'avoue, ton billet m'a bien fait rire, c'est très drôlement écrit !

Anonyme a dit…

Eh ben dis donc quelle aventure !!! Mais ouf, tu as l'air d'aller mieux !!

Neurone perdu a dit…

Shalima, moi aussi j'aurais aimé rire mais là ce n'était plus possible ;)

Marie, oui une aventure intérieure!