Préambule indispensable : non, non, non, je ne suis pas enceinte.
Lorsque j'attendais notre premier bébé, nous n'avons pas souhaité en connaître le sexe, alors qu'avant d'être enceinte, je pensais que je n'aurais pas la patience d'attendre la naissance. Et puis, après réflexion, nous avons préféré préserver cette petite magie de la grossesse et l'apothéose de la révélation finale. Nous n'avions pas, je crois, de préférence... Sans doute nous ne nous représentions pas exactement l'enfant, mais de toute façon à mon sens, ces neuf mois sont plutôt le temps du fantasme et du rêve...
Mes beaux-parents étaient persuadés que nous savions, puisque nous avions choisi un papier peint bleu pour la chambre du bébé. .
Pour la seconde grossesse, nous étions certains de ne pas vouloir savoir si ce serait une deuxième fille ou bien un garçon. Nous nous réjouissions beaucoup de cette attente. Ce fut une petite mignonne joufflue et chevelue, et nous fumes ravis.
Ma grand-mère me demanda si je n'étais pas trop déçue.
Ma mère m'interrogea : "Ton beau-père se fait-il à l'idée que ce soit une fille? Parce qu'il voulait vraiment un garçon..."
Lorsque nous annonçâmes que nous attendions un troisième enfant, d'aucuns nous prirent pour des fous. D'aucuns sous-entendirent que nous "tentions le garçon". Personnellement, j'étais un peu inquiète à l'idée que Calvin espère réellement un petit gars, et qu'il éprouve une vive déception à la naissance, ce qui aurait pu gravement entacher la relation à l'enfant, sans compter notre propre amour de couple. Mais comme à chaque fois, je n'espérais ni fille, ni garçon. Piwouane, elle, aurait préféré un petit frère et d'ailleurs nous en parle encore souvent, en ajoutant que tout de même elle aime bien sa petite soeur.
Ce fut donc Pitère, jolie petite fleur d'hiver, fébrilement attendue, passionnément aimée.
Ma grand-mère me dit : "Ce n'est pas grave tu sais."
Ma belle-mère lorsqu'on lui téléphona (c'était elle qui gardait nos aînées pour la naissance) raccrocha au nez de Calvin qui lui dit que c'était une fille. Sans même demander son prénom.
Depuis elle raconte à nombre de connaissances, sa famille, ses amis, nos amis, que Calvin est très déçu de ne pas avoir de garçon, vraiment.
Au baptême de Pitère, certains sont venus lui demander si vraiment il était si déçu.
Il y a trois jours encore, une femme d'une cinquantaine d'années sur la plage est venue lui tapoter le dos pour le réconforter : " Tu sais ce n'est pas grave... l'essentiel c'est que les enfants soient en bonne santé..."
A moins qu'il ne mente politiquement correctement à sa femme plutôt qu'à sa mère, je crois que Calvin s'en fout bien de ne pas avoir de garçon et qu'il aime ses filles à la folie. D'ailleurs dans une récente discussion au sujet d'un quatrième bébé, il m'a dit qu'il serait heureux d'avoir une quatrième fille car elles le faisaient fondre.
Je m'interroge sur cette campagne sexiste. Pourquoi devions-nous vouloir absolument un garçon? Pour la perpétration du nom patrimonial (ce dont je me contrefous personnellement)? Pour qu'il joue au foot? Pour qu'il ne soit pas capable de fermer le congèl' correctement en l'absence (3 jours!) de sa femme, laisse périr les denrées, mange des pains au lait moisis... mais je m'égare.
Et surtout pourquoi ma belle-mère veut-elle que nous ayons un garçon??? Pourquoi a-t-elle toujours valorisé son fils plus que ses deux filles (tout en prenant plaisir à le castrer fermement)? Pourquoi avoir une envie terrible de reproduire le même schéma à la génération suivante? Est-ce que c'est l'envie de pénis qu'elle reporte ainsi sur sa descendance? Parce qu'elle-même aurait eu envie d'être un homme? Ou bien est-ce un fantasme de la toute-puissance féminine sur le petit être masculin, l'opulente alma mater qui nettoie le tout petit zizi du bébé garçon...
Sans parler des multiples multiples personnes croisées dans la rue, à la poste, à la bibliothèque, qui y vont de leur petit commentaire parfois jovial, parfois compatissant, sur ma tribu de fillettes en robes liberty. Et moi d'un geste crâne, de leur visser sur la tête de très beaux chapeaux à imprimé coccinelles ou fleu-fleurs.
Je ne cache pas, si jamais on me le demande, qu'un jour si tout va bien, nous espérons un quatrième enfant.
Pitoue : "Oui moi je voudrais bien un grand frère et aussi une petite soeur."
Ma mère : "Trois, ça suffit."
Ma belle-mère : " Quand Pitère aura 5 ans alors."
Et comme je lui donnai une mauvaise réponse concernant le délai : " Pitié! Mais ils vont me tuer!"
Pas de chute à ce billet, elle risquerait d'être rude.
9 commentaires:
Mais elle est pas bien ta BM O_o
Personnellement, tout le monde me félicite pour l'arrivée prochaine du petit garçon "le choix du roi, tu dois être tellement contente"...
Ben non, j'aurais bien aimé une 2ème fille moi.
Et là, on me prend pour une folle.
3° fille de la fratrie, j'ai toujours détesté quand on disait à mes parents que ce n'était pas grave...
Maman d'un garçon et d'une fille, le choix du roi (comme ils disent), je déteste maintenant qu'on me demande pourquoi je veux un 3° enfant! et pourtant fille ou garçon, nous on s'en fiche, on veut juste des enfants :)
Heureuses filles que tu as de vivre entre soeurs, en ce qui me concerne, elles sont mes meilleurs amies!
Nan mais... de quoi elle se mêle ? sans déc ??
Ça me tue ça ! franchement, quelle que soit la configuration de la famille, le sexe, le nombre, on peut s'en faire des idées à la rigueur avant, mais une fois que l'enfant est là, moi je me demande surtout comment on faisait avant pour vivre sans ;-)
Ou comment reporter ses propres fantasmes sur des enfants... qui risquent de les intégrer malgré eux...
Moi aussi Girlinthemoon, 3è et dernière fille de la maison : moi j'ai réagi aux fantasmes, ceux de mon papa compris, qui pesaient sur moi... en me prenant pour un garçon ! Et ce jusqu'à mes 12 ans : quand ma poitine a commancé à pousser, je me suis dit "Voilà, maintenant c'est tout à fait foutu, je suis bien une fille, adieu penis", sans parler de mes difficultés relationnelles avec les garçons, puis hommes, que j'ai rencontré...
Ta BM (et les autres) ne se rendent vraiment pas compte des résultats néfastes qui peuvent découler de leurs stupides (excuse-moi du jugement) remarques, idées préconçues ou conditionnements.
heu, je crois que c'est pas bon pour le moral de trop rester chez belle maman!!!
si ça peut te rassurer depuis ma 2ème grossesse parents et beaux-parents attendent tous la petite fille!!
sinon, pourquoi ne pas adopter un chien (mâle évidemment!!) , je suis sure que ça ravira belle maman... bon allez, j'arrête avec ce petit rat si mignon!!
Les grand-mères sont toxiques en général, n'est-ce pas?
Tu sais, mon mari est arrivé quinze jours après terme (et aussi après UN aîné). Sa grand-mère n'est pas venue le voir à la maternité, prétextant que ce n'était pas la peine d'attendre si longtemps pour vaoir un autre garçon... Je crois que ça l'a marqué.
Comme quoi, ça fonctionne dans les deux sens, je crois que les gens veulent que chaque couple ait un garçon et une fille. On nous a même demandé pourquoi nous en voulions un troisième puisque nous avions les deux...
Bises (et merci pour le lien, je suis touchée !)
Le plus beau, c'est d'avoir une si belle famille et que tout le monde soit heureux et en bonne santé, moi j'ai une fille et un garçon...et je me pose des questions pour un troisième ENFANT,,,,
Et ta BM, elle est contente d'avoir 3 petites filles?
Elle semble beaucoup (trop) se preoccuper de vos "regrets" (que vous n'avez ni l'un, ni l'autre). Peut-etre pourrait-elle employer ce temps à quelque chose de plus beau ou plus utile? Aimer ses trois petites filles. (Point)
Enregistrer un commentaire