6.5.08

5 ans déjà

En fouillant dans mes vieux cahiers, j'ai retrouvé cette amorce de récit...

Dimanche 24 août 2003
Ce n'est qu'aujourd'hui que je commence à écrire, aujourd'hui et presque quatre mois déjà après ton entrée dans nos vies, ou plutôt dans le monde. L'idée de faire le journal de ta naissance mûrissait déjà depuis quelques semaines... Mais avant que les mots puissent émerger, que les sentiments puissent trouver une expression, il a fallu que les jours pasent. Que les événements fulgurants et la passion qui nous ont submergés, enfin deviennent plus rationnels, et que je puisse les appréhender. Un peu de souffle pour que les émotions s'apaisent, et de bouleversantes, deviennent délicieusement familières. Le temps d'apprendre à nous connaître... Quatre mois déjà, et ta naissance, c'était pourtant hier, ou toujours.

Lundi 25 août 2003
Tu es née le 2 mai 2003, à 22h25. Ton papa et moi t'attendions , car ta naissance était prévue pour le 8 mai. Ce jour-là, un vendredi, F. ne travaillait pas : il faisait le pont du 1er mai. Nous avions rendez-vous le amtin à l'hôpital pour une visite de contrôle. La sage-femme qui nous avait reçus avait écouté ton coeur, contrôlé les contractions par un monitoring... Elle savait que ton arrivée était imminente, vu l'ouverture du col, mais ne pouvait être plus précise. La semaine précédente d'ailleurs, une autre sage-femme nous avait fait le même diagnostic : celui qui met en alerte, qui ouvre une voie au suspense, mais ne révèle rien! Elle nous a conseillé de ne pas tarder lorsque les contractions de travail commenceraient...
De retour à la maison, j'ai ressenti les premières douleurs, brèves. Nous sommes allés manger un sandwich, faire quelques courses... je me souviens qu'il faisait très beau, que ton père devait récupérer un pantalon en retouches, et que je voulais aller au cinéma voir "X-Men 2", mais que la file d'attente m'avait rebutée... Les contractions étaient rythmées, toutes les dix minutes environ, mais je ne disais pas grand-mot car je n'osais y croire. Nous avons loué un film, "Quelqu'un de bien", avec Patrick Timsit et Richard Berry. Une histoire de greffes et de fraternité, que j'ai regardée en tricotant, pelotonnée dans un fauteuil.
Puis les contractions se sont rapprochées et ton père m'a fait couler un bain chaud. Je m'y suis allongée une heure, pendant qu'il me tenait la main pour m'aider à faire passer les contractions.
Il a ensuite insisté pour que nous partions à la maternité, moi j'étais dans un état second, tout en sachant que le travail était avancé, je voulais me persuader que ce n'était qu'une fausse alerte...
Il n'y avait que 20 minutes de route et nous connaissions bien le chemin.
Un léger flottement à l'entrée des urgences, nous ne savions pas où garer la voiture...

Nous sommes arrivés vers 20h30 à la maternité. Une sage-femme nous a accueillis et après examen nous a immédiatement fait passer en salle d'accouchement. Ton papa est resté dans le couloir quelques minutes, le temps d'installer perfusion et autres capteurs, puis il m'a rejoint et nous sommes restés seuls...

Je poursuis le récit avec mon regard de quelques années... Un peu plus éclairé...

La sage-femme de garde, petite, jeune, sèche, me demande si je veux la péridurale. Je lui dis que je préfère m'en passer. Ce qui tombe bien de toute façon, c'est un peu tard, à 8 cm de dilatation... Je lui demande pour combien de temps il y en a encore. Elle me dit qu'elle n'en sait rien. La cruche. Je vous passe les détails idiots et désagréables du rasage et de la sonde urinaire. Nous sommes donc restés seuls. Je suis mal, semi-allongée, avec ce monito. Je n'ose pas bouger pour aider les contractions à passer. Mon homme a l'oeil rivé sur le monito, il se laisse broyer la main et m'écoute crier, je le sens désemparé. Lorsque la sage-femme revient, elle m'examine, elle me dit que la dilatation est complète, qu'il faut pousser. Je n'y crois pas vraiment, n'ayant aucune sensation de poussée. J'essaie la poussée sur l'expiration, apprise avec ma sage-femme hapto, mais cela ne plait pas vraiment à celle de l'hopital, qui m'incite à utiliser la poussée sur l'inspiration bloquée. Elle me dit que le bébé est encore trop haut. Au lieu de m'inciter à me lever pour l'aider à faire son chemin, elle m'appuie sur le ventre. Je la repousse en lui criant qu'elle me fait mal. Elle se moque de moi.
Au bout de 20 minutes de poussée, elle me dit qu'il faut faire une épisio; je refuse. Elle insiste, en me disant que c'est trop long pour le bébé. (sic!!!) Une interne sortie des limbes arrive et coupe sans attendre une contraction, merci...
Mais je pousse, un peu désespérée, tout en criant que je ne vais pas y arriver, que j'ai peur... Si seulement on m'avait un peu réconfortée ou soutenue, la peur aurait disparu, et le bébé serait arrivé plus vite...
Mais le voilà, ou plutôt la voilà, te voilà... Toute joufflue et un peu rouge, les yeux clos... Vite on t'essuie, déjà on te prend à moi pour te peser, te sonder, te mettre dans l'eau... Quel dommage...
Passons sur la délivrance du placenta et les points de l'épisio...
Et puis on me dit qu'il faut te réchauffer, et hop te voilà sous une lampe chauffante, à côté de moi, dans un berceau, petit animal étranger aux mains de la civilisation médicale... Quelques instants seuls...
Une auxiliaire entre, je lui demande si je peux te mettre au sein. Tu tètes bien. Nous voilà enfin l'une contre l'autre...

Quel dommage d'avoir si mal défendu nos souhaits de naissance, ou plutôt quel dommage d'en avoir su si peu à l'époque...
Pour lire des récits de naissances beaucoup plus respectées : celui de Pitoue, et celui de Pitère...

Je ne raconterai pas non plus les galères de ces jours à la mater, où on me faisait croire que tu ne tétais pas bien, que tu perdais trop de poids (sottises!!!), que je devais te peser avant et après les tétées, te donner des compléments, tirer mon lait... où on te faisait des prises de sang en me disant qu'on allait te porter en néo-nat car on craignait une infection...
Ces premiers jours ont été bien perturbés, mais nous avons tenu le choc, et de retour à la maison, nous nous sommes apprivoisés, tous les trois...


Ah là là, ça me donnerait presque envie d'un quatrième. Je dois être dingue.

8 commentaires:

Maria a dit…

Cet très émouvant..malgré le manque de respect du personnel hospitalier..c'est navrant surtout quand s'agit d'une primipare!

Anonyme a dit…

Emouvant, oui, et un peu rageant de voir de telles conditions... les même vécues pour Mamzelle, et un peu pour Petitou. Mais NON, moi ça ne me donne pas envie d'une 4ème, héhé.
(sinon, tu as fait un lapsus très amusant dans le nom de l'acteur du film que vous avez vu ^_^)

rififi a dit…

oui, moi aussi, ça me rappelle bien des choses de mon 1er accouchement.
Avec un peu de recul, j'ai le sentiment que j'ai été accouchée pour Tao et que j'ai accouché pour Nino.
En tout cas, bien belle minette, 5 ans plus tard!

Ana DuCocon a dit…

Bonjour le respect de la maman pour ton 1er accouchement... :-S

Enfin moi aussi on m'a appuyé sur le ventre pour mon 1er... c'était nul, il sortait très bien tout seul...
Heureusement pour ma fille personne n'a fait cela.

Anonyme a dit…

Un peu d'amertume dans cet article, mais surtout beaucoup d'amour qui circule, c'est hmmmmmm ;)
Rochard Berry, joli :p

Anonyme a dit…

je crois que nous sommes très nombreuses à regretter quelques "détails" de notre 1er accouchement... ha si seulement on savait (je me refusais à lire les récits d'accouchements sur Internet de peur d'être affolée par les scénarios catastrophe, trop courant sur les sites "grand public")
heureusement que l'instant magique où l'on découvre son bébé rattrape (presque) tout :-)

Unknown a dit…

Ah là là... Merci pour ce récit.

Ça me fait complètement délirer que de nos jours il existe encore des sf qui associent "dilatation complète" à "faut pousser". Un médecin, passe encore, ils sont si souvent à côté de la plaque... Mais les sage-femmes?

Groumpf

Neurone perdu a dit…

Maria, oui mais le plus étonnant c'est que ce n'est qu'a posteriori que j'ai vraiment ressenti de la colère vis-à-vis de ce comportement irrespectueux...

Shalima, Ali, oh bonjour le lapsus!!! Bon, je vais rectifier, il y a trop de coquilles dans ce post...

Rififi, je comprends tout à fait les tournures des phrases!

Missbrownie, d'ailleurs "l'expression manuelle" est fortement déconseillée!!!

Ali, bon anniversaire à ton loustic!!!

Luna, oui, je crois qu'il faudrait plus d'informations dès le premier...

Karelle groumpf aussi mais surtout bienvenue!!